Libre

Auteur : BLOG BARBARA Date : 08 novembre 2021

« LIBRE. Voilà ce que j’ai envie de répondre quand on me demande « alors ça fait quoi cette guérison ? ». Je suis tellement libre. Si libre. Si vous saviez. Je me sens si forte à présent. Si libre d’être moi-même. Ce sentiment est parfois indescriptible tant il est puissant. Oui j’ai parfois encore peur des changements de poids. Oui j’ai encore des angoisses face aux repas. On ne peut pas demander à son cerveau, resté ancré dans les TCA pendant plus de 6 ans, de changer du jour au lendemain. Donc, oui, c’est encore parfois difficile d’avoir de la cellulite et de ne plus correspondre aux « standards de beauté actuels de la société » (qui changeront dans quelques années, et qui re-changeront encore les années suivantes d’ailleurs. Peut-être que d’ici dix ans on ne pourra pas faire Miss France si on ne fait pas au moins une taille L, ou plus. Qui sait ?). Mais ce n’est pas grave. Ces inquiétudes ne font pas le poids face à l’océan de liberté dans lequel j’apprends à nager (avec des brassards à paillettes, sinon ça ne marche pas, bien évidemment ^^). C’est difficile de vous expliquer à quel point je vais bien maintenant. C’est difficile d’expliquer à quel point je me sens VIVRE. C’est difficile d’expliquer à quel point j’ai l’impression de « vibrer ». J’ai parfois l’impression de déborder d’énergie vitale. Vous savez, ce sentiment galvanisant que l’on ressent après avoir fait un gros effort sportif dont on est fier.e (bon…Je ne fais que l’imaginer ce sentiment parce que le sport et moi… c’est pas une histoire d’amour folle), celui que l’on ressent en saluant le public après une représentation, celui que l’on ressent quand on annonce fièrement à notre entourage que l’on a réussi tel ou tel objectif professionnel/scolaire/sportif/personnel/… ? Vous savez, ce petit instant de vie parfait, indescriptible, qui illumine une journée ? Et bien ce sentiment puissant, ce sentiment de bien-être, ce sentiment de force… je le ressens presque tous les jours depuis que j’ai « décidé de guérir définitivement ». Depuis que j’ai décidé de manger si j’en ai envie, quand j’ai envie, ce dont j’ai envie (attention, pour faire cela après 6 ans de TCA, j’ai quand même été encadrée médicalement parlant) : voilà le sentiment que j’ai. Parce qu’en m’autorisant à manger ce que je veux, à faire du sport si j’en ai envie et à respecter mon corps ; ce n’est pas juste une autorisation alimentaire que je me suis donnée. Je me suis donné la permission d’être moi-même. Je me suis donné le permis de vivre. Quand je prends le temps de profiter, de « méditer » un peu sur cette sensation très agréable de liberté, j’ai l’impression que mon cœur pourrait se soulever de bonheur, j’ai l’impression que je pourrais aller décrocher la lune. (Mince ! J’ai raté ma carrière d’astronaute ?). Ces mots semblent peut être excessifs (Il paraît que j’ai le sens de l’hyperbole.). Mais c’est réellement ce que je ressens. Même si, de l’extérieur, ma vie n’a pas changé depuis que j’ai pris cette décision ; mon « intérieur » , ma vie psychique, toute la « personne que je suis » (Une légère tendance à la l’égocentrisme dites-vous ? Je ne vois pas de quoi vous parlez… ?), ont changé. Aujourd’hui, mes pensées sont tournées vers tous les objectifs de vie que j’ai envie de réaliser et, non plus, vers le contrôle alimentaire. Parfois mes pensées ne sont même tournées vers… rien du tout. Je profite seulement et « simplement » du moment. Il me reste évidemment encore des idées et des réflexes de TCA, mais ils s’estompent petit à petit. Mes journées ne sont plus des combats de tous les jours. À présent, chaque jour est l’occasion de profiter de ma nouvelle liberté et de m’épanouir. Je n’ai plus l’impression d’essayer de profiter de la vie, de prendre le wagon du bonheur. J’ai juste… pris le train de la vie, je suis DEDANS. Pleinement dedans. Bien sûr qu’il y a des moments sombres, des heures moins « drôles, des jours plus « banals », … Mais mes « lunettes » de vie ont changé, et tout à beaucoup plus de sens et de saveur aujourd’hui, puisque chaque chose que je fais n’est plus réalisée sous le prisme des TCA, du poids ou du regard des autres. Tous les jours je fais le CHOIX de rester comme cela. Oui, je pourrais décider de re-calculer tous mes calories, à la virgule près. Oui, je pourrais décider de re-créer un déficit alimentaire pour reperdre du poids et atteindre la taille mannequin, voire être encore plus maigre. Oui, je pourrais attirer l’attention sur mon mal-être intérieur en dénaturant mon alimentation. Oui je pourrais manger le pot entier de chocolat jusqu’à en vomir pour anesthésier ma faim et mes émotions. Sauf que… Non. Non. Tous les jours je fais délibérément et fièrement le choix de rester libre. Quelques rares fois c’est un choix difficile, mais la plupart du temps c’est un choix évident et libérateur. Je me rappelle à quel point je n’étais qu’une partie de moi-même quand les TCA contrôlaient ma vie. Je me rappelle que même les moments les plus simples étaient un peu décolorés par cette pathologie. Maintenant, c’est différent. Si j’ai besoin de m’exprimer alors je le fais, en écrivant, en dansant, en parlant (il faut avoir les tympans bien accrochés avec moi), … Si j’ai besoin de manger plus que les autres parce que j’ai faim, alors je le fais. Si j’ai besoin de ne pas faire de sport, alors je n’en fais pas. Si j’ai besoin de faire une taille de vêtement plus grande que mes amies pour être à mon poids de forme, alors je l’accepte. Je sais que je pourrais retrouver le contrôle, mais je ne le veux pas. Maintenant que j’ai goûté à la liberté, je ne peux plus la perdre. À présent, je n’ai plus besoin des TCA pour exister. Évidemment, sortir des TCA n’est pas qu’une question de choix ou de volonté. Il faut d’abord tout un travail psychique, alimentaire et physique pour pouvoir arriver à ce « choix » ; ce que j’appelle le « choix de fin de parcours », celui qui nous permet de sortir des TCA ou d’y rester encore un peu. Il faut être patient.e, savoir prendre des risques. Il faut surtout accepter de contrecarrer son esprit. Tant que l’on « s’arrange » avec la pathologie, ça ne fonctionne pas. On ne négocie pas avec le TCA, on le combat (Bon… au début des soins on négocie, c’est vrai ; parce que rien que cela, c’est déjà bien difficile. Mais je trouvais que le phrase faisait « chic », alors je l’ai laissée… ahah !). Mais il faut essayer. Parce que la guérison, l’essayer … c’est l’adopter ! (J’aurais dû faire carrière dans la pub, je l’savais !) Pendant longtemps, jamais je n’aurais cru pouvoir écrire ces quelques mots. Jamais je n’aurais cru écrire cela en le pensant sincèrement. Jamais je n’aurais pensé pouvoir arrêter de travailler pendant une soirée entière, pour prendre le temps d’écrire. Mais, maintenant, je sais qu’il est possible de guérir « pour de vrai ». Dans le corps mais aussi, et surtout, dans la tête. Il faut beaucoup de temps et de travail psychique pour arriver à cela. Il faut apprendre à honnête avec soi-même. Il faut apprendre à laisser les autres nous conseiller. Il faut apprendre à accepter des vérités ou un passé pas toujours agréables. Il faut se laisser du temps. Mais ce parcours de guérison en vaut tellement la peine. Si vous saviez à quel point cela fait du bien d’être juste soi. Sans artifice ni contrôle. N’ayez pas peur de baisser les armes, n’ayez pas peur de moins contrôler. Parce que la vie, elle ne se contrôle pas… elle se vit ! Constance PS : Je ne suis pas plus forte que vous, je suis juste à une étape différente du parcours. Vous aussi, vous avez le droit de vous en sortir. Et moi aussi, je vais continuer de travailler sur « moi ».

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